Après le grand succès du projet estival « Bagages culturels », la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) et Érudit s’associent pour vous présenter « Bagages culturels : session d’hiver 2021 ». Découvrez trois corpus de textes tirés des revues culturelles québécoises : « Vivre sa nordicité », « Des régions vivantes : culture et histoire », puis « Portraits de femmes influentes d’ici et d’ailleurs ». Chaque thématique est divisée en deux parties : les « textes en libre accès » auxquels vous pouvez accéder en un seul clic, et les « textes sous restrictions » accessibles en vous connectant à une bibliothèque abonnée à Érudit comme BAnQ, votre université ou votre Cégep ou bien via le Réseau des bibliothèques publiques de Montréal. Référez-vous à votre bibliothèque de quartier pour savoir si elle est abonnée à Érudit.
Portraits de femmes influentes
Ma grand-mère, Olivette Lévesque-Babin, née le 11 avril 1914, a eu quatorze enfants. Devenue veuve trop jeune – Lucien, son mari, qui avait été contremaître à l’usine de papier de Port-Alfred, est mort d’un cancer en 1968 – elle a néanmoins su faire de ce moment de tragédie et d’adversité un tremplin pour devenir la femme que la société québécoise de son époque ne souhaitait surtout pas la voir devenir. Olivette était instruite, elle avait même fait des études et enseigné avant d’épouser Lucien. Il la courtisait depuis des années, mais elle l’avait fait attendre. Elle savait pertinemment qu’elle vivait en un temps où se marier voulait dire devenir une machine à pondre et à élever des enfants à la chaîne. Mon père m’a dit plusieurs fois avoir gardé le souvenir de cette femme, sa belle-mère – et l’une des premières à s’être assuré que ce jeune Tunisien fraîchement débarqué se sente chez lui au Saguenay –, devant sa planche à repasser, le fer à la main, brûlant les vêtements qui devaient passer, sur des années et même des décennies, d’un enfant à l’autre, puis à l’autre, puis à l’autre… Elle rêvassait. Elle n’attendait qu’une chose : pouvoir se poser quelque part, et lire. Grand-maman Olivette a quand même réussi à trouver un espace de liberté dans cette prison de la maternité et de la société québécoise de son époque. Elle s’est impliquée dans des actions environnementales (elle a notamment organisé une campagne de recyclage de papier dans son village dès les années 70), et a été la première femme échevine (conseillère municipale) de la région, de 1970 à 1974. Elle est responsable de la création de l’un des premiers foyers d’accueil pour femmes victimes de violence conjugale de la région, en 1977. À presque 80 ans, elle a repris des études universitaires, puis publié un livre, Mâture, voilure et souvenance, Histoire généalogique des familles Roy et Tremblay, paru en 1995. Ma grand-mère n’est pas une femme d’influence au même titre que celles qui figurent à juste titre dans ce passionnant dossier et qui, chacune à sa façon, ont marqué notre société. Peut-être la seule différence réside-t-elle dans le fait qu’il s’est trouvé des femmes et des hommes pour écrire sur les femmes influentes, les sortir de l’ombre, faire connaître leur importance. De plus en plus, il se trouve des voix pour rectifier ces oublis de l’histoire, qui semble parfois hoqueter dans son biais contre certaines femmes, certaines minorités. Il faut de la patience, il faut continuer les efforts, et saluer le travail important de la SODEP et de nos revues culturelles.
Les choses changent. Il faut continuer la lutte, mais il faut aussi se réjouir. La preuve : fille d’un immigré tunisien et petite-fille d’une ménagère du Saguenay mère de quatorze enfants qui a refusé le rôle auquel la société voulait l’assigner, je suis invitée aujourd’hui à présenter ce dossier passionnant porté par la SODEP et Érudit… et à parler de cette femme d’injuence méconnue qu’était Olivette Lévesque-Babin.
Mélikah Abdelmoumen, autrice, éditrice et professeure
Textes en libre accès
CIRCUIT
Panneton, Isabelle. « « J’aime quand on explose de joie ! » : entretien avec Ana Sokolović. » Circuit, volume 22, numéro 3, 2012, p. 37–45.
« en jouant la pièce, l’interprète rend la musique à l’abstraction d’où elle vient. C’est un cercle qui se referme. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/1014227ar
CONTINUITÉ
Ouellet, Josiane. « Phyllis Lambert : la ville dans le sang. » Continuité, numéro 134, automne 2012, p. 10–13.
« Phyllis Lambert […] a multiplié les réalisations remarquables dans la poursuite d’un objectif : améliorer la ville. »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/67513ac
RELATIONS
Vaillancourt, Claude. « Oser résister : entrevue avec Naomi Klein. » Relations, numéro 783, mars–avril 2016, p. 17–19.
« C’est précisément dans ces moments de grande tension que nous avons plus que jamais besoin d’avoir confiance en notre vision du monde. »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/81019ac
ENTREVOUS
Shelton, Danielle. « La place Anne-Marie-Alonzo. » Entrevous, numéro 3, 2017, p. 42–43.
« Danielle Shelton a réussi à évoquer six étapes qui ont marqué la vie de cette femme hors du commun. »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/84867ac
SPIRALE
Abdelmoumen, Mélikah. « Liberté, Féminité, Fatalité : cyberentretien avec Nelly Arcan. » Spirale, numéro 215, juillet–août 2007, p. 34–37.
« C’est l’horizon de la mort qui donne un souffle à l’écriture. »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/10372ac
NUIT BLANCHE
Quinn, Judy. « Marie Uguay : la mort aura tes yeux. » Nuit blanche, numéro 102, printemps 2006, p. 20–23.
« Son écriture, à l’inverse d’une révolte ou d’un isolement, dévoile un patient acharnement. »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/20074ac
VIE DES ARTS
De Julio-Paquin, Jean. « Marcelle Ferron : une femme éprise de liberté. » Vie des arts, volume 52, numéro 211, été 2008, p. 52–55.
« Elle s’affirme comme une femme éprise de liberté […] »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/58785ac
ESSE
Desmet, Nathalie. « Le paysage, une contre-nature : entretien avec Anne Cauquelin / The Landscape, a Counternature: An Interview with Anne Cauquelin. » esse arts + opinions, numéro 88, automne 2016, p. 6–11.
« Le paysage est en effet une construction, il est pris comme un analogon de la nature […] »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/82971ac
CINÉ-BULLES
Hamel, Jean-François. « Les pionnières québécoises : naissance d’un cinéma féminin. » Ciné-Bulles, volume 31, numéro 3, été 2013, p. 24–27.
« Le cinéma féminin québécois a donc eu, dès ses débuts, une volonté de se faire entendre, de sortir du mutisme dans lequel il avait jusque-là confiné les femmes. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/69646ac
LIBERTÉ
Savary, Charlotte. « Julie Papineau, symbole d’un peuple déçu. » Liberté, volume 7, numéro 1-2 (37-38), janvier–avril 1965, p. 140–145.
« Cette femme frêle, ambitieuse et trop personnelle, se révèle ardente et ferme […] »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/30029ac
ESSE
Behiery, Valerie. « Of Veils, Feminisms, and Contemporary Art / Des voiles, des féminismes et de l’art contemporain. » esse arts + opinions, numéro 90, printemps–été 2017, p. 16–27.
« Most images of Muslim veils in the mainstream art world challenge the historically entrenched sign of what I call the veil »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/85596ac
NOUVEAUX CAHIERS DU SOCIALISME
Beaudet, Pierre. « Entrevue avec Lorraine Guay et Jocelyne Bernier. » Nouveaux Cahiers du socialisme, numéro 14, automne 2015, p. 5–23.
« nous devions travailler fort pour faire accepter à nos collègues masculins que la lutte principale n’était pas contre le seul système capitaliste, mais aussi contre le système patriarcal »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/79387ac
CAP-AUX-DIAMANTS
Roy, Julie. « Jeanne-Charlotte Allamand-Berczy : fondatrice de Toronto et femme d’esprit. » Cap-aux-Diamants, numéro 66, été 2001, p. 56–57.
« il est temps de donner à Jeanne-Charlotte Allamand la part de crédit qui lui revient »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/82971ac
Textes sous restriction
NOUVEAUX CAHIERS DU SOCIALISME
Perreault, Julie. « Entrevue avec Édith Cloutier, directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. » Nouveaux Cahiers du socialisme, numéro 20, automne 2018, p. 173–182.
« elle nous offre une vision de la décolonisation à l’avant-garde des nouvelles politiques autochtones »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/89282ac
ESSE
Dubois, Anne-Marie. « Je est une autre Room(s) to move: je, tu, elle de Sophie Jodoin. » esse arts + opinions, numéro 94, automne 2018, p. 80–83.
« Room(s) to move : je, tu, elle propose en parallèle trois espaces-temps où se déploie l’identité fragmentée d’une femme »
À lire sur Érudit: https://id.erudit.org/iderudit/88738ac
NOUVEAUX CAHIERS DU SOCIALISME
Trudelle, Jean. « Marie Blais. Profession : chargée de cours en urbanisme. Posture syndicale : éternelle battante. » Nouveaux Cahiers du socialisme, numéro 22, automne 2019, p. 150–166.
« elle présentait avec fougue des analyses politiques sans concession qui allaient toujours directement au cœur du problème. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/91542ac
MAGAZINE GASPÉSIE
Dumas, Carmel. « Evelyn Dumas, journaliste pionnière. » Magazine Gaspésie, volume 56, numéro 1 (194), avril–juillet 2019, p. 47–49.
« Cinquante-sept ans se sont écoulés depuis que cette Gaspésienne de 20 ans devenait en catimini la première femme correspondante au Parlement. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/90522ac
NUIT BLANCHE
Ouellet, François. « Henriette Valet, indignation et révolte. » Nuit blanche, magazine littéraire, numéro 156, automne 2019, p. 12–16.
« elle découvre que la littérature peut être autre chose qu’un passe-temps, qu’elle peut contenir des idées et agir sur le monde »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/91979ac
LETTRES QUÉBÉCOISES
Britt, Fanny, et al. « Fanny Britt. » Lettres québécoises, numéro 175, automne 2019, p. 4–20.
« Je souhaite ardemment vivre dans le monde, parmi les humains, et résister à l’apathie. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/91900ac
CIRCUIT
L’Écuyer, Sylvia. « Les incarnations de Barbara Hannigan, artiste plurielle. » Circuit, volume 30, numéro 3, 2020, p. 13–27. https://doi.org/10.7202/1073924ar
« Barbara Hannigan chante avec son corps et dirige comme elle chante »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/1073924ar
Bernstein, Tamara. « “It’s about Complete Incorporation”: An Interview with Barbara Hannigan. » Circuit, volume 30, numéro 3, 2020, p. 31–44.
« I realized there was a way to be passionate about contemporary music and to handle—to embrace—the feeling of being an outsider »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/1073925ar (en anglais)
Des régions vivantes
On oppose à tort bien souvent l’offre culturelle de la grande métropole à celle des autres régions du Québec, ces régions que l’on dit éloignées. On parle de l’effervescence de l’une pour souligner le charme tranquille de l’autre…
Pourtant, tandis que les yeux sont rivés sur ce qui se passe comme nouveauté en ville, les régions, elles, s’activent, se concertent et collaborent plus que jamais afin de mettre en valeur leur richesse culturelle. C’est un véritable vent d’ingéniosité, d’innovation et d’audace qui balaie les régions depuis quelques années. De nouvelles manières de penser et de faire émergent, toute une communauté s’allie pour développer autrement un territoire et, avec lui, une vision renouvelée de la culture.
Car une scène culturelle vivante, c’est un cœur battant d’activités humaines et artistiques où chaque citoyen et chaque citoyenne trouve sa place pour le faire rayonner. Rassemblés sous le thème Des régions vivantes : culture et histoire, le corpus de textes présenté ici nous invite à réfléchir aux enjeux associés aux diverses régions québécoises.
Hélène Hotton, directrice générale de la SODEP
Textes en libre accès
CINÉ-BULLES
Perron, Éric. « Points de vue de cinéphiles : en quête d’écrans. » Ciné-Bulles, volume 34, numéro 3, été 2016, p. 11–15.
« La principale raison qui les empêche d’en voir davantage est l’offre insuffisante en salle dans plusieurs régions. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/82711ac
CONTINUITÉ
Frenette, Pierre. « Pays de titans. » Continuité, numéro 80, printemps 1999, p. 24–27.
« La Côte-Nord, c’est l’immensité, la démesure. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/16658ac
JEU
Bertin, Raymond. « Quinze ans de Voyagements, et encore tant à faire : entretien avec Caroline Lavoie. » Jeu, numéro 148 (3), 2013, p. 60–66.
« De plus en plus de gens souhaitent être mis en contact avec des œuvres de qualité, c’est un réel changement. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/70178ac
CIRCUIT
Beaucage, Réjean. « La 25e édition du FIMAV : actualité de la musique… actuelle. » Circuit, volume 18, numéro 2, 2008, p. 85–88.
« Le FIMAV […] a devancé son public et démontré la viabilité de sa proposition. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/018655ar
CIEL VARIABLE
Hudon, Sébastien. « D’une dystopie réalisable / An Achievable Dystopia / Steve Veilleux, Projections . » Ciel variable, numéro 99, hiver 2015, p. 22–26.
« Le travail de Steve Veilleux nous place devant ce moment où l’image préfabriquée et prophétique d’un promoteur immobilier n’a pas encore rencontré sa concrétisation. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/73365ac
CAP-AUX-DIAMANTS
LeBrun, Andréanne. « Le chemin de fer dans la région de Rouyn et Noranda : un enjeu pour le contrôle du Nord-Ouest québécois. » Cap-aux-Diamants, numéro 112, hiver 2013, p. 4–7.
« l’implantation du chemin de fer dans la région de Rouyn transcende les dimensions locale et régionale pour atteindre la sphère nationale »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/68217ac
CINÉ-BULLES
Perron, Éric. « Écrans d’auteur. » Ciné-Bulles, volume 20, numéro 3, été 2002, p. 14–27.
« Rejetée par la grande majorité des salles commerciales, la diffusion du cinéma d’auteur est reprise en région par d’autres […] »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/33309ac
CIEL VARIABLE
Hakim, Mona. « Claude Goulet, Les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie : une entrevue par Mona Hakim / Claude Goulet, Les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie: An interview by Mona Hakim. » Ciel variable, numéro 107, automne 2017, p. 103–106.
« Art in the non-urban public space can enable us to expand cultural action extraordinarily quickly. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/86682ac
NOUVEAUX CAHIERS DU SOCIALISME
LaGrenade, Pierre. « Salaberry-de-Valleyfield : un nom, une histoire. » Nouveaux Cahiers du socialisme, numéro 22, automne 2019, p. 16–20.
« son histoire est liée étroitement aux luttes et résistances ouvrières et citoyennes. On peut parler ici d’une importante ville ouvrière. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/91521ac
HISTOIRE QUÉBEC
Giroux, Monique T. « L’industrie du vêtement, une marque indélébile de l’histoire de Victoriaville et sa région. » Histoire Québec, volume 24, numéro 1, 2018, p. 25–28.
« La révolution industrielle a profondément métamorphosé les conditions de vie des populations. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/88329ac
NOUVEAUX CAHIERS DU SOCIALISME
LaGrenade, Pierre. « Une classe ouvrière qui résiste. » Nouveaux Cahiers du socialisme, numéro 22, automne 2019, p. 49–56.
« Tout au long de son histoire, Salaberry-de-Valleyfield a été marquée par une combativité ouvrière hors du commun. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/91527ac
NUIT BLANCHE
Ducros, Philippe. « Gespe’gewa’gi. » Nuit blanche, magazine littéraire, numéro 158, printemps 2020, p. 26–27.
« Je crois que la Gaspésie a ce pouvoir de laisser au vent et à l’horizon la chance de nous fendre, de faire de la place en nous, de la place pour aimer. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/93217ac
Vivre sa nordicité
Comment penser le monde froid, le « Nord », l’Arctique, voire l’hiver et l’ensemble des phénomènes et signes qui les composent ? Bien que l’hiver, le Nord et le froid ne soient pas nouveaux, ils ont jusqu’à récemment été peu étudiés et pensés en tant que phénomènes. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce déficit de connaissances, remarqué dès les années 1960 par le géographe et linguiste québécois Louis-Edmond Hamelin, qui appelait à un nouveau chantier critique autour des néologismes qu’il a alors proposés, et qui sont devenus des programmes dynamiques de recherche : la « nordicité » (l’état de du Nord) et l’« hivernité » (l’état de l’hiver). Les deux notions impliquent une approche pluridisciplinaire, qui appelle l’étude des aspects physiques, sociaux, psychologiques, économiques, urbanistiques, culturels, littéraires, linguistiques et esthétiques. Ils permettent enfin de définir le Nord et l’hiver sans les associer à leurs contraires, mais plutôt en fonction de leurs composantes et de leur fonctionnement propre. Cela permet un renversement fertile, pour arriver à identifier les possibilités du monde froid de manière positive, plutôt que de ne le considérer qu’en termes d’« adaptation » à des modèles imaginés pour des climats plus tempérés.
Ainsi, lorsqu’il invente ce néologisme « nordicité » dans son laboratoire de Québec dans les années 1960, Hamelin souhaitait suppléer au manque de vocabulaire de la langue française (et par extension, anglaise) pour désigner le climat et l’environnement dans lequel il vivait. Il ne se doutait alors pas à quel point cette notion deviendrait populaire et représenterait aujourd’hui, pour les Québécois et les autres peuples nordiques, une part de leur identité. Au cours de sa carrière, Hamelin a créé des centaines d’autres mots pour désigner les réalités physiques, sociales et culturelles du « Nord ». Il considérait que, sans les mots adéquats, on demeurait « analphabète » au sujet des réalités qui nous entourent. Ne pas avoir de mots pour décrire le monde nous restreint à une méconnaissance, mais aussi à un inconfort, voire à un rejet de ce que l’on perçoit.
Aujourd’hui, grâce à ces avancées, nous pouvons amorcer de nouvelles comparaisons entre les cultures et sociétés nordiques (du Québec, du Canada, de la Scandinavie, de la Russie et de la Finlande) qui ne concernent pas seulement leurs aspects climatiques : la notion d’« imaginaire du Nord » ouvre une perspective inédite pour comprendre l’ensemble des signes, phénomènes, comportements, représentations et pratiques liées au fait de vivre dans un espace marqué d’une part par l’alternance saisonnière différenciée de la lumière et de la noirceur, et d’autre part par l’alternance entre un climat tempéré et un climat froid. Comment considérer comme un avantage le froid, la neige, la noirceur, la glace? Comment mieux imaginer et mieux vivre le repli intérieur (psychologique et physique) qu’est la période hivernale ? Comment penser le Nord en soi ? Voilà les questions fascinantes soulevées par la nordicité, et les défis intellectuels qu’ils imposent aux chercheurs pour trouver des manières de mieux vivre, et de vivre plus heureux, dans le monde froid.
Daniel Chartier, professeur à l’Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique.
Textes en libre accès
CONTINUITÉ
Chartier, Daniel. « L’hiver sous les couvertures. » Continuité, numéro 135, hiver 2013, p. 28–31.
« Froid, neige et isolement dérangent le déroulement linéaire du temps »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/68282ac
LES ÉCRITS
Désy, Jean. « L’espoir au Nord : une utopie? » Les écrits, numéro 148, novembre 2016, p. 163–172.
« Le Nord, d’abord, est fait d’une culture bâtie par des êtres humains qui l’ont habité et l’habitent encore avec un amour véritable. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/83939ac
LIBERTÉ
Posca, Julia. « Perdre le Nord. » Liberté, numéro 311, printemps 2016, p. 27–27.
« Non seulement nous avons domestiqué la nature, mais nous l’avons carrément chassée de la plupart des lieux que nous habitons pour nous sentir plus à l’aise. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/80445ac
CIEL VARIABLE
Pelletier, Sonia. « Un mur de neige ou la nordicité visitée / Resolute Bay — Voyage du jour dans la nuit, Jacky Georges Lafargue et Louis Couturier. » Ciel variable, numéro 91, printemps–été 2012, p. 34–42.
« Les artistes réussissent ici […] à nous faire rejoindre ce monde des contrées éloignées […] »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/66483ac
SPIRALE
Chartier, Daniel. « Littérature groenlandaise : Lynge le magnifique / Taqqat uummammut aqqutaannut takorluukkat apuuffiannut / The Veins of the Heart to the Pinnacle of the Mind d’Aqqaluk Lynge. IPI Press, 131 p. » Spirale, numéro 225, mars–avril 2009, p. 34–35.
« […] son pays porte, à travers le monde, l’espoir d’un modèle qui pourrait paver la voie à une réorganisation postcoloniale du monde inuit et autochtone. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/16679ac
CIRCUIT
Cushing, Anthony. « Glenn Gould and ‘Opus 2’: An outline for a musical understanding of contrapuntal radio with respect to The Idea of North. » Circuit, volume 22, numéro 2, 2012, p. 21–35.
« L’œuvre se concentre sur la solitude de la vie nordique du point de vue de cinq personnes, chacune ayant passé beaucoup de temps au nord du 60ᵉ parallèle. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/1012790ar (en anglais)
ESSE
Hart, Sydney. « Reading Contrapuntally: Geronimo Inutiq’s ARCTICNOISE / Une lecture en contrepoint : ARCTICNOISE, de Geronimo Inutiq. » esse arts + opinions, numéro 86, hiver 2016, p. 62–67.
« Les voix semblent cultiver l’expérience de la conversation avec des guides pour comprendre une région mystificatrice, tout en contribuant à l’image du Nord comme un endroit solitaire et intimidant. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/80063ac (en anglais)
CONTINUITÉ
Zrudlo, Léo. « Entre la Norvège et le Québec : architecture nordique et adaptation à l’hiver. » Continuité, numéro 59, hiver 1994, p. 24–26.
« si nous acceptons de jouir de l’hiver au lieu de le subir, nous pourrons adapter notre façon de vivre en fonction de celui-ci »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/102ac
CIEL VARIABLE
Paul, Francine. « Alain Lefort, Eidôlon-Chasseur de paysages au printemps des glaciels / Alain Lefort, Eidôlon-Hunting for Landscapes in the Spring of Glacial Figures. » Ciel variable, numéro 106, printemps 2017, p. 22–31.
« Les paysages de Lefort nous transportent au cœur d’une nordicité ouverte et immense, livrant un nuancier presque exponentiel de blancs, de gris et de noirs des glaces »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/85685ac
Pierre Dessureault, Geneviève Chevalier, Isa Tousignant
Dossier Plein Nord, n° 92, 2012
À lire sur Érudit : https://www.erudit.org/fr/revues/cv/2012-n92-cv0313/
Textes sous restriction
NUIT BLANCHE
Guénette, Jérôme. « Imaginaire de la Côte-Nord. De l’espace nord-côtier. » Nuit blanche, magazine littéraire, numéro 154, printemps 2019, p. 34–36.
« La Côte-Nord textuelle devient le lieu d’une remise à neuf, d’un retour à soi, en soi »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/90643ac
RELATIONS
Chartier, Daniel. « Penser l’hiver. » Relations, numéro 805, novembre–décembre 2019, p. 17–19.
« La méconnaissance des phénomènes liés au froid conduit à un flottement langagier. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/92006ac
MŒBIUS
Beauregard-Lefebvre, Loïc. « Le vent qui coule se vide à l’horizon. » Moebius, numéro 166, automne 2020, p. 119–128.
« L’hiver a basculé sur le soleil. Il a fallu trouver le courage, prendre le risque d’avancer. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/94374ac
RELATIONS
Simard, Julien. « Vieillir encabanés l’hiver ? » Relations, numéro 805, novembre–décembre 2019, p. 25–26.
« L’hiver tel que nous le connaissions est en train de disparaître et, avec lui, le peu de prise que nous avions sur lui. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/92010ac
ENTREVOUS
France Bonneau, Hélène Perras, Monique Pagé
Série « Poétique hivernale », n° 6, 2018
À lire sur Érudit : https://www.erudit.org/fr/revues/entrevous/2018-n6-entrevous03475/
ESSE
Gismondi, Chris J. « Why is the Arctic Always White? Circumpolar Indigenous Artists in the Age of the Anthropocene. » esse arts + opinions, numéro 97, automne 2019, p. 92–95.
« Comprendre comment les non-autochtones ont imaginé l’Arctique au cours de l’histoire nous aide à comprendre les perceptions qu’ils en ont aujourd’hui »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/91464ac (en anglais)
RELATIONS
Beaulé, Caoimhe I. « Montréal attache sa tuque. » Relations, numéro 805, novembre–décembre 2019, p. 23–24.
« faire le point sur l’hivernité des Montréalais soulève des questions fondamentales sur la relation qu’entretient la population avec son milieu. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/92009ac
RELATIONS
Reford, Alexander. « Traverser la péninsule gaspésienne à pied : un périlleux périple! » Magazine Gaspésie, volume 56, numéro 2 (195), août–novembre 2019, p. 24–26.
« En hiver, le trajet est souvent plus facile, car libre de la plupart des obstacles, mais les déus météorologiques et l’isolement rendent les voyages périlleux. »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/91263ac
MŒBIUS
Sioui Durand, Guy. « Yänariskwa (Grand Loup) et Yändia’wich (Grande Tortue) à la pointe aux Indiens de la rivière Unamen (Romaine). » Moebius, numéro 166, automne 2020, p. 93–99.
« Ici, dans le Nord, bien des outardes, des saumons et des castors ne réapparaissent plus. À quand le tour des Innus ? »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/94370ac
ESSE
Naoufal, Nayla. « Le paysage comme pédagogie : Danser Sápmi / Landscape as Pedagogy: Dancing Sápmi. » esse arts + opinions, numéro 98, hiver 2020, p. 60–67.
« Les pierres, la marée, les animaux, les joiks, la lune, le vent, les plantes, le soleil, les esprits, la neige savent et sont ses professeurs […] »
À lire sur Érudit : https://id.erudit.org/iderudit/92564ac
Crédits pour les visuels : Daphnée BC