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5 questions avec… Relations industrielles

Pour cette nouvelle mouture de notre série « 5 questions avec… », nous avons souhaité suivre le parcours des revues qui ont récemment fait évoluer leur modèle de diffusion afin d’offrir l’ensemble de leur collection en libre accès immédiat.

Relations industrielles / Industrial Relations fait partie des sept revues qui ont fait ce choix au début de l’année 2023. Érudit s’est donc entretenu avec Samuel Dinel, coordonnateur des opérations de la revue. Nous avons discuté des enjeux posés par le processus de transition vers le libre accès et des bénéfices obtenus.

1. Quelles sont les principales raisons qui ont favorisé la décision de passer au libre accès pour votre revue ?

La revue Relations Industrielles / Industrial Relations publie des manuscrits sur les sciences du travail et de l’emploi depuis près de 80 ans. Notre pérennité s’explique entre autres par la capacité d’adaptation aux différents courants qui traversent l’univers de la recherche. Aussi, il faut comprendre que le champ des relations industrielles a toujours comporté une dimension pratique. Être accessible en dehors des milieux académiques est une priorité pour nous et le libre accès facilite et accélère grandement la diffusion des manuscrits que l’on publie. Bref, c’est une décision basée avant tout sur l’accessibilité et la proximité avec les différentes communautés du domaine.

2. Comment la décision a-t-elle été prise au sein de votre revue? Parlez-nous des différentes étapes.

Les premières archives du libre accès que nous avons trouvé datent d’environ 2010, donc on peut compter treize années entre la première discussion et l’implantation réelle! La première posture était de latence, soit d’observer le milieu et les demandes provenant des principales institutions. C’est en 2020 que nous avons décidé de nous doter d’un plan de transition de trois ans à travers lequel un changement majeur allait être apporté chaque année pour aboutir à une publication digitale en libre accès.

La première étape était de cesser la publication papier et d’avoir une structure exclusivement numérique. C’était une étape hautement symbolique. Certes, c’est une charge logistique de moins sur les opérations, mais l’attachement à la revue papier est fort; nous réfléchissons encore à une manière d’intégrer une version imprimée dans notre cycle éditorial numérique. Nous avons aussi réorganisé les tâches à l’interne et nos processus administratifs afin de réduire le plus possible le traitement des textes et les coûts d’opération.

Durant la transition, nous avons modifié nos politiques de cession de droits. En collaboration avec nos partenaires d’indexation et d’agrégation, nous avons mis en place une formule qui permettait aux auteurs et auteures de déposer les articles sur la plateforme institutionnelle de leur choix.

 Enfin, la dernière étape fut la fin de l’embargo et la mise en œuvre du libre accès. En soi, c’était un processus relativement simple, nécessitant surtout de renouveler des ententes avec nos différents partenaires. Le plus complexe était de planifier et de réorganiser nos opérations autour de ce modèle.

3. Quels ont été les principaux défis rencontrés ?

Il y a deux enjeux majeurs qui ont traversé tout le processus et qui sont encore en discussion à l’interne. D’abord, il y a l’incontournable aspect financier. Le passage au libre accès est une perte significative de revenus. Nous sommes toujours en attente de réformes par rapport au financement institutionnel qui nous permettraient d’amortir le choc. L’incertitude financière était palpable au début et l’est encore. Nous avons fait le saut sans avoir de réponses claires; un risque calculé.

L’autre enjeu est au niveau identitaire et culturel. Quel est le rôle d’une revue dans un univers digital en libre accès? Bien humblement, notre perception est que les attentes du milieu et des organismes subventionnaires ont changé dans les dernières années. Les exigences bibliométriques sont plus palpables, la présence des médias sociaux est devenue incontournable, la valorisation du travail d’évaluation est un enjeu, la vulgarisation en dehors du milieu académique est valorisée, etc. Bref, nous avons profité de cette transition pour réfléchir aux services que nous offrons à notre communauté et nous voulons nous assurer d’être en adéquation avec les différents besoins des chercheurs et chercheuses, ainsi que de notre lectorat.

4. Quels aspects positifs avez- vous observés depuis ce changement?

Le passage s’est opéré en janvier 2023, c’est donc tout neuf comme procédure et il est un peu tôt pour tirer des conclusions statistiquement valides. Nous observons toutefois une hausse de consultation dans les derniers mois tant sur la plateforme d’Érudit que chez nos autres partenaires. L’impact est toutefois plus grand au niveau culturel et symbolique. Les auteures et auteurs apprécient énormément de pouvoir diffuser leur article le jour même de la publication – et nous aussi! Nous pouvons être beaucoup plus dynamiques avec la communauté de la revue. Aussi, et d’une manière beaucoup plus pragmatique, ne plus gérer d’abonnements individuels et institutionnels nous donne du temps pour mener d’autres projets à terme. C’est un soulagement de ne plus avoir à solliciter nos lecteurs et lectrices pour pouvoir se concentrer sur l’édition et la diffusion du contenu en relations industrielles.

5. Avez- vous des conseils à formuler pour les revues qui envisagent de passer au libre accès, ou d’autres remarques à ajouter?

Le processus en soi était beaucoup plus simple qu’envisagé. Nous avons eu beaucoup de support, tant de la communauté autour de la revue que d’Érudit, afin de faciliter et d’encourager cette transition. Les outils opérationnels sont à la disposition de ceux et celles qui veulent s’investir dans le processus. Puis, à travers toutes ces incertitudes, se recentrer autour de la mission première de la revue, telle qu’elle a été imaginée il y a 80 ans, nous a aussi beaucoup aidés : être un pont entre la science et la pratique.

Relations industrielles / Industrial Relations

La revue est diffusée et préservée sur erudit.org. L’ensemble de ses numéros est disponible en libre accès.

Curieux d’en apprendre plus sur les revues savantes? Consultez les autres entrevues de la série « 5 questions avec… ».