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5 questions avec REMEST

Nous consacrons cette édition de notre série « 5 questions avec » à la Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST) qui vise la diffusion de travaux de recherche sur le travail, sa transformation, sa gestion et ses institutions. La revue privilégie une approche multidisciplinaire par la publication de travaux de recherches prenant source en relations industrielles, en psychologie du travail, en économie du travail, en sociologie du travail, en droit du travail ou en santé au travail.

Nous nous sommes entretenus avec son directeur, Jean-François Tremblay, professeur au département de relations industrielles de l’Université du Québec en Outaouais, afin d’en savoir plus sur les défis que présente la relance de la publication de la revue.

1. Dans quel contexte la Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST) est-elle apparue et comment a-t-elle a évolué?

Au départ, elle s’inscrivait dans la continuité des travaux du Centre de recherche sur l’emploi, le syndicalisme et le travail de l’Université du Québec en Outaouais. Ce centre de recherche, non idéologiquement orienté, visait à faire la promotion et la diffusion de la recherche francophone en relations industrielles et dans les disciplines connexes. L’aspect multidisciplinaire et l’ouverture au pluralisme théorique et méthodologique faisaient partie de l’ADN du Centre et sans surprise, celui de la Revue. Le Centre, tout comme la Revue, cherchait également à créer un environnement académique stimulant pour les étudiants de cycles supérieurs à l’Université du Québec en Outaouais. En ce sens, la Revue se voulait un véhicule à privilégier pour diffuser les travaux des doctorants en relations industrielles. Après la fermeture du Centre en 2005, la Revue a poursuivi ses activités de façon autonome jusqu’à ce jour. La Revue a toujours fièrement mis de l’avant deux de ces principales caractéristiques à savoir, être une revue électronique et en libre accès. Si aujourd’hui cela peut sembler banal, il n’en était rien au début des années 2000. Alors que depuis ¾ de siècle, 90 % des revues savantes créées au Canada sont anglophones, la Revue s’inscrit fièrement dans une entreprise de diffusion des connaissances en français avec un réel souci de contribuer à un avancement des connaissances dans la tradition pluraliste qui est le propre des relations industrielles en occident.

2. Quelles sont les difficultés auxquelles elle a fait face?

Outre la disparition du centre de recherche auquel la Revue fut initialement rattachée, c’est le manque d’assiduité dans la promotion de la Revue de même qu’un certain flou quant à sa raison d’être au sein de l’Université du Québec en Outaouais qui a teinté la dernière décennie. De même, le manque de soutien technique pour la mise à niveau du site web de la Revue s’est révélé au cours de ces années une difficulté majeure pour assurer une mise en vitrine de qualité des numéros de la Revue. Heureusement, en 2025, grâce au soutien d’administrateurs de l’Université du Québec en Outaouais, ces problèmes sont maintenant chose du passé. Durant ces années plus difficiles au niveau du maintien des infrastructures web de la Revue, nous avons toutefois pu compter sur l’apport précieux de notre partenaire Érudit. Grâce à ce partenariat et l’apport des membres de la stimulante équipe d’Érudit, l’accessibilité à la très grande majorité des numéros de la Revue est restée possible et il importe de le souligner ici sous forme de remerciements bien sentis de la part de l’équipe de direction de la Revue.  L’autre difficulté importante à laquelle la Revue a fait face est certes l’existence d’un certain syndrome du “trop occupé pour évaluer un article” chez la communauté de chercheurs. De fait, l’importance et la reconnaissance du travail d’évaluation d’articles scientifiques semblent varier grandement d’une institution à l’autre, d’un département à l’autre. Finalement, le chant des sirènes provenant de revues anglophones faisant la promotion d’indices de diffusion de tout acabit fait certes une concurrence indue, voire délétère à une revue francophone au lectorat, par définition, plus limitée.

3. Quels sont les étapes et les défis à surmonter pour redémarrer une revue qui a interrompu sa publication?

Pour nous, les aléas liés à la pandémie du Covid-19 furent l’occasion de prendre un pas de recul pour établir un plan de relance. Nous étions alors confrontés à deux avenues : poursuivre la parution de la Revue de façon plus ou moins régulière, mais avec une qualité d’articles qui s’éloignait de la vision éditoriale de la Revue ou encore, trouver le moyen d’obtenir des manuscrits de qualités afin de relancer la Revue sur des bases solides. C’est cette deuxième avenue qui fut privilégiée. Le principal défi devenait alors de convaincre les diverses parties prenantes qu’il est judicieux de prendre un pas de recul plutôt que de continuer d’avancer à tâtons. Par ailleurs, nous cherchions à éviter une insidieuse spirale où le manque de contributions de qualités dans une revue entraîne un point de vue négatif sur la revue et ce faisant, incite moins à y proposer des manuscrits de qualité. Fort heureusement, nous avons pu échapper à cette dynamique.

4. Quelles sont les stratégies déployées pour obtenir de bonnes soumissions d’articles?

Après des tentatives plutôt vaines de solliciter des articles via des médias sociaux ou des communautés de chercheurs, l’approche de numéros thématiques fut la stratégie retenue. En proposant des thématiques circonscrites et stimulantes d’un point de vue scientifique, c’est la possibilité, pour les contributeurs, de participer à un numéro de la Revue dont la cohésion des sujets et le processus d’évaluation initial permettraient de garantir un niveau de qualité des articles faisant en sorte de stimuler le désir de proposer un manuscrit. De même, il permet à notre lectorat de trouver dans les articles de la Revue des contributions originales, novatrices dans certains cas, qui pourraient certes stimuler la soumission de manuscrits de cette teneur dans le futur.

5. Quel est l’impact du manque de personnel sur le fonctionnement de la revue ?

Il serait judicieux d’élargir la question du manque de personnel à trois réalités. Premièrement, c’est la question de la priorisation des activités éditoriales de la Revue chez les membres du comité de direction eu égard aux autres activités universitaires, principalement l’enseignement et la recherche, qui sont souvent plus valorisés que les tâches administratives. Deuxièmement, c’est la disponibilité des potentiels évaluateurs d’articles qui est un défi manifeste. Sans parler de désengagement généralisé. Il appert que le nombre de refus augmente au fil du temps et que depuis les 2-3 dernières années, les refus motivés par une non-disponibilité en raison d’une surcharge de travail ou des problèmes de santé sont de plus en plus fréquents. À cet égard, nous semblons vivre une réalité similaire à l’ensemble de la société occidentale. Troisièmement, le peu d’étudiants de cycles supérieurs qui pourraient œuvrer à des activités de soutien administratif de la Revue fait en sorte qu’il devient très difficile de pouvoir trouver une ressource qui pourrait, tout au long de ses études, être à l’emploi de la Revue afin de soutenir ses activités courantes. Cette triple conjoncture pose assurément un défi à part entière pour le maintien et la relance des activités de la Revue.

Revue multidisciplinaire sur l'emploi, le syndicalisme et le travail

La revue est diffusée et préservée sur erudit.org. L’ensemble de ses numéros est disponible en libre accès.

Curieux d’en apprendre plus sur les revues savantes? Consultez les autres entrevues de la série « 5 questions avec… ».