L’équipe d’Érudit a eu l’occasion d’explorer divers aspects de l’environnement de la publication scientifique au cours d’une récente tournée en France. À travers une série de présentations et de rencontres, trois thèmes émergents ont particulièrement attiré notre attention.
1. Le financement du libre accès diamant
L’effort continu pour renforcer les modèles financiers autour du libre accès diamant a été au cœur de nombreuses discussions. En effet, ce modèle offre une voie ouverte, équitable et pérenne à la diffusion des résultats de la recherche, sans frais d’accès aux lecteur·trices ni frais de publication pour les auteur·trices. Le Partenariat pour le libre accès (POA), que nous avons mis en place en 2014 au Canada avec le Réseau canadien de documentation pour la recherche (RCDR), s’inscrit dans ce mouvement. Il repose à la fois sur un soutien financier direct des bibliothèques universitaires aux revues savantes et sur la collaboration des différents acteurs pour bâtir un écosystème de publication en libre accès équitable et pérenne.
Les bibliothèques universitaires françaises représentent aujourd’hui un maillon essentiel de ce modèle avec 35 institutions partenaires. À travers le POA, Érudit et les membres Couperin soutiennent depuis 2018 les activités éditoriales de plus que 200 revues savantes, dont la majorité publie en libre accès diamant. Les échanges que nous avons eus avec différents bibliothécaires en France ont été très positifs pour une poursuite de cette entente dans les prochaines années. Plusieurs de ces bibliothécaires en France ont par ailleurs souligné leur appréciation des revues savantes diffusées sur la plateforme erudit.org, en particulier la richesse du corpus scientifique disponible en langue française.
2. La découvrabilité des revues savantes nationales
La visibilité et la découvrabilité des publications scientifiques sont des enjeux souvent abordés dans les rencontres sur l’édition scientifique. Il s’agissait d’ailleurs du thème de la journée d’étude (13 et 14 novembre, Lyon) proposé par le projet Mir@bel2022, dont l’objectif était « d’amener une discussion collective et permettre à des porteurs de revues, des éditeurs au sens large et des services d’accompagnement à l’édition, d’établir une stratégie de référencement ». Nous avons pu mettre de l’avant les ententes mises en place avec des organismes français pour valoriser les revues savantes québécoises et canadiennes, dont Mir@bel, Persée et Isidore. Transcendant les frontières géographiques, ces initiatives renforcent la visibilité des publications scientifiques, pour favoriser un échange fructueux d’idées et un soutien à la science en français.
Les célébrations entourant le 20e anniversaire de Persée (10 novembre, Lyon) se sont inscrites dans la même dynamique, tout en proposant un retour à ses origines. En effet, Persée est un partenaire d’Érudit de la première heure, qui partagent à la fois des solutions technologiques et des dynamiques de collaborations avec les équipes des revues. La plateforme Persée, qui propose l’accès à plus d’un million de documents scientifiques, travaille actuellement avec des équipes de recherche de pointe sur l’exploitation numérique de ces grands corpus. Les innovations qui ont été présentées durant cette journée, notamment à travers le projet Collex-Persée, ont permis de mieux comprendre les possibilités permises par les nouvelles technologies.
3. Des communautés fortes au service de la science ouverte
Nous assistons depuis plusieurs années à une reprise en main par les communautés universitaires et publiques de l’édition scientifique. En accompagnant les revues dans une transition vers le libre accès et en leur offrant le soutien nécessaire à l’adoption des bonnes pratiques éditoriales, les bibliothèques universitaires jouent un rôle essentiel dans ce domaine.
Les 4e journées Repères (22-24 novembre, Rennes) ont été l’occasion pour nous de mieux comprendre les dynamiques des pépinières de revues en France. La collaboration et le partage d’idées qui ont eu lieu durant ces journées ont été très stimulants. Les enjeux entourant les chaînes éditoriales ont été centraux, avec l’utilisation des outils Métopes, OJS ou encore Stylo. La présentation du Partenariat des Bibliothèques universitaires du Québec a permis de faire un pont entre les dynamiques québécoises et françaises pour le soutien à la publication scientifique.
En conclusion, cette tournée en France a permis d’explorer différentes perspectives sur l’évolution du paysage de la publication scientifique. Nous ressortons convaincu·es que les collaborations entre la France et le Canada continueront à s’affirmer dans les prochaines années, en reposant sur des valeurs d’ouverture et de compréhension mutuelle.